Pular para o conteúdo principal
Jeannette PRETOT

Previous stories

Jeannette PRETOT

Présidente de l'Ambassade de l'Eau - Vice-Présidente du Comité de Bassin Seine-Normandie - France

Que représente, pour vous, le RIOB et quels sont ses points forts dans la mise en relation d'acteurs extrêmement divers (de différents continents, de différents types) dans le cadre des échanges?

 


Je participe souvent à des réunions internationales et se sont les réunions du RIOB qui ont servi le plus à notre association, pour la simple et unique raison que les gens qui sont là tissent un lien réel, avec un échange de savoirs qui est concret.

Alors que l'activité de notre association avait un peu cessé depuis 2014, aujourd'hui on a relancé notre outil de modélisation STRATEAU et le réseau des jeunes ambassadeurs de l'eau et des ambassadeurs de l'eau avec les ministères de certains pays.

En arrivant ici, je me suis rendue compte que je gagne énormément de temps parce que j'ai pu rencontré des responsables africains qui ont envie de travailler avec l'Union africaine des jeunes ambassadeurs de l'eau, et nous allons pouvoir préparer une session au Forum mondial et faire une proposition pour pouvoir avoir un projet cohérent qui tisse les liens entre la jeunesse africaine.

J’ai aussi échangé avec le ministre palestinien de l'eau qui ne connaissait pas le projet, qui fait partie d'une convention officielle auprès de l'Union pour la Méditerranée, et nous avons pu échanger sur le sujet, se donner nos coordonnées et se promettre de retravailler ensemble et de relancer le projet. J’ai gagné au moins 6 mois de travail rien qu'en assistant à cette réunion du RIOB, avec cette richesse de pouvoir faire rencontrer les gens et partager les savoirs.

En  matière d'eau, le problème global mais les solutions sont locales, et il est important de partager le savoir. Et ça, le RIOB met réellement d'accent dessus pour une gestion  intégrée des ressources en eau et pour pouvoir lutter contre le changement climatique.

Comment ces réunions ont nourri vos analyses, vos réflexions sur la gestion de l'eau de façon générale? Comment cela vous a aidé à mettre sur pied des projets ?

 

Les gens qui viennent aux réunions du RIOB sont très intéressantes parce que ce sont de réels gestionnaires de l’eau, et ils connaissent très bien le problème. Ils partagent leurs expériences, d'où la richesse de ces réunions où il y a des  politiques, des hydrologues, des scientifiques. Les gens qui sont présents sont déjà informés et sensibilisés, ils sont là pour partager le savoir et accumuler la richesse de savoir, de s'entraider et coopérer.

 

En quoi le réseau pourrait aider à la mise en place d'un certain nombre de politique transnationales ou contribuer à informer certains politiques ou certaines instances pour faire évoluer les politiques de l'eau à l'échelle mondiale ou à l'échelle régionale ou continentale ?

 

Le RIOB, avec ses publications, avec sa capacité à réunir des hommes politiques et des techniciens des pays du monde entier, aide les agences de bassin partout dans le monde à pouvoir coordonner leurs actions, et c'est de cette manière-là qu'on peut aider les décideurs à prendre les bonnes décisions en matière de politique internationale.

Par exemple le RIOB a énormément fait pour la Directive Cadre européenne sur l’Eau et pour son application. Maintenant c'est l'étape suivante : il faudrait commencer par travailler convenablement avec l'ONU pour qu'on puisse faire de l'eau en enjeu réel, et qu'il soit prit en considération pour le changement climatique, parce que comme tout le monde le sait, du cycle de l'eau dépendent les catastrophes qui arrivent dans les pays du monde entier. C'est une prise de conscience des politiques qui commence à devenir réelle grâce, entre autres, au RIOB.

 

D'après vous, en quoi le RIOB aurait contribué à aborder la question de l'eau, de la gestion de la ressource de façon beaucoup plus large que simplement la ressource elle-même, en intégrant des réflexions des secteurs liés à l’eau tels que l'agriculture, le tourisme, le développement industriel ?

 

Lorsqu'on parle de gestion intégrée des ressources en eau, on parle de tout le système de la vie sociale. Est ce qu'on peut gérer l'eau sans gérer l'industrie, sans gérer l'agriculture  et sans prendre en considération l'économique et le social ? Le RIOB était parmi les premiers à comprendre l'importance de mettre l'eau dans tous les domaines pour bien gérer l'eau: l'eau est partie intégrante de de nombreuses activités, et d'elle, dépendent l'économique et le social.

Il y a eu dernièrement un rapport de la Banque mondiale qui disait que la  pénurie en eau est en train de faire descendre de 30% le PIB de certains pays.

Donc il est très important de bien la gérer et le RIOB l'avait compris avant tout le monde.

Est ce que vous pourriez décrire les activités de l'organisation que vous représentez ?

 

L'Ambassade de l'eau est une association qui est née d'un constat: les grands projets avaient des financements, mais il était difficile de faire financer par la coopération décentralisée, en France,de petits projets, comme, par exemple, des toilettes au fin fond de l'Afrique, au Burkina Faso, à 5000 €.

Donc l'Ambassade de l'eau est née avec le sénateur Oudin, qui est notre président d'honneur, pour mettre l'application de la coopération décentralisée au service des petits projets.

Et lorsque l'Union pour la Méditerranée (UPM) est née, mon côté méditerranéen s'est réveillé (je suis libanaise d'origine), je me suis dit "ça serait bien de pouvoir coordonner tous les petits projets des bassins méditerranéens pour qu'on puisse les réaliser en faisant un ensemble de projets et un seul dossier financier, peut-être qu'on arrivera à financer de manière plus pertinente et faire appliquer la coopération décentralisée".

On avait fait les premiers projets pour onze pays pour l'UPM en 2009; ils ont été présentés au Forum mondial de l'eau  d'Istanbul, malheureusement la commission des experts de l'UPM n'ont choisi que cinq projets, ce qui a démobilisé les autres pays. Notre vice-président de l'époque, Pascal Bertaud, a réfléchi à un projet qui pourrait réunir tout le monde. Avec nos jeunes ambassadeurs de l'eau, qui sont des étudiants ingénieurs, nous avons réalisé un outil de modélisation qui peut servir à tous les centres de recherche universitaires. STRATEAU a été choisi en 2012 au Forum mondial de l'eau de Marseille comme “solution mondiale pour l'eau”. Cet outil performant a un peu stagné depuis 2013 à cause des conflits qu'il y a eu dans certains pays méditerranéens.  Et nous avons travaillé au ralenti. Mais nos jeunes ambassadeurs de l'eau, qui sont avec nous depuis 2009, se sont mobilisés et ont fait une pétition, chacun à son État, en demandant : "Nous voulons remettre notre réseau en route, et nous voulons que cet outils soit à nouveau opérationnel". Donc nous sommes en train de remettre l'outil en marche, et je suis ici pour renouveler le réseau, pour que les anciens puissent travailler avec les nouveaux jeunes ambassadeurs de l'eau. Le système est simple: le Ministère de l'eau du pays travaille en coordination avec le centre de recherche universitaire, le professeur et avec les étudiants pour s'assurer que les données qui sont implémentées dans l'outil sont bien accréditées par les officiels du pays et sont bien crédibles.

Ces jeunes chercheurs contribuent à alimenter un système d'information de données sur l'eau dans chaque pays.

 

Ce n'est pas un système d'information proprement dit, ce sont les données en micro de la quantité d'eau disponible pour répondre à la demande actuelle et future. Donc on peut scénariser sur 50 ans, et faire des scénarios  pour l'aide à la décision et, surtout, aider à la concertation sur l'eau, ce qui est très important pour prendre des décisions. STRATEAU n'est pas un outil d'information, c'est un outil d'aide à la décision.

 

Cet outil, c'est un lien entre le scientifique, la recherche et les politiques publiques. C'était assez novateur pour l'époque ?

 

C'était complétement novateur et on s'est rendu compte que jusqu'à aujourd'hui, il n'existe pas d'outil qui permet la concertation comme STRATEAU. C'est pour cela qu'on a décidé de le remettre en route et j'espère qu'il va être opérationnel d'ici un mois ou deux.

Pays
Jeannette PRETOT
Source

Interview réalisée lors de la 11ème Assemblée générale mondiale du RIOB - Du 30 septembre au 03 octobre 2019 à Marrakech (Maroc) - © RIOB 2019

Ecouter l'interview: